L’intervento a Tunisi del segretario della SAIC Sergio Ribichini e il suo volume Punica regna vides

L’activitÉ de la « SCUOLA ARCHEOLOGICA ITALIANA

DI CARTAGINE » DEPUIS SA CrÉation EN 2016

 

Sergio Ribichini

Monsieur le Président, autorités, chers collègues, c’était le 18 mars 2016, et moi, j’étais ici à Tunis, pour présenter, d’une manière plutôt nombriliste, la naissance de la SAIC, la « Scuola Archeologica Italiana di Cartagine. Documentazione, Formazione e Ricerca ».

Sur la vague de mes souvenirs et à titre de comparaison, me voici aujourd’hui à évoquer les choses faites, les choses dites et les propositions qui ont guidé notre action au cours des neuf dernières années.

Je voudrais tout d’abord saluer les membres du Conseil Scientifique de la SAIC sortants et entrants.

D’un côté, le Conseil présidé par Attilio Mastino, dont je faisais partie comme Secrétaire, avec le Président d’Honneur Piero Bartoloni, le Trésorier Michele Guirguis et les autres Conseillers Antonio M. Corda, Pier Giorgio Spanu et Alessandro Teatini, auxquels se sont bientôt ajoutés Maria Antonietta Rizzo et Savino di Lernia, ce dernier remplacé ensuite par Lorenzo Nigro. C’est le noyau de démarrage qui a géré la SAIC jusqu’à présent.

De l’autre, le Conseil qui vient d’être élu, avec Anna Depalmas à la Présidence et Sergio Ferdinandi Président d’Honneur, qui prennent le relais et dirigeront l’Assemblée des membres à partir de demain : avec Danila Artizzu, Alberto Gavini, Bruno D’Andrea, Rossana De Simone et Giulio Lucarini, auxquels pourraient s’ajouter Massimo Botto et Giovanni Distefano.

Un tel revirement radical dans le management vient des règles que nous nous sommes données en 2016[1], lorsque nous étions confiants dans la réussite de l’initiative, mais vraiment aucun de nous ne pensait arriver à évaluer notre mandat de la manière que nous évoquons aujourd’hui.

Nous étions au départ 25, nous sommes à présent environ 250, parmi lesquels les membres ordinaires, les membres honoraires, les membres correspondants et les bienfaiteurs.

Nous nous sommes réunis en Assemblée générale 18 fois, principalement en Tunisie, et nous avons profité de la connexion en ligne d’abord pour surmonter l’obstacle de la pandémie de la COVID 19, puis pour permettre à tous les membres de participer, même à distance, à chaque événement organisé.

Qui nous sommes, est dit vit. La SAIC est une Société Scientifique qui vise à promouvoir la coordination entre les initiatives de la coopération archéologique italienne dans la région méditerranéenne. De cette façon, elle souhaite appuyer les possibilités de recherche, formation et diffusion des connaissances et mettre en valeur les apports des initiatives individuelles, tout en contribuant activement au dialogue interculturel et aux politiques de développement de chaque Pays du Maghreb.

La SAIC se présente comme la voix de la communauté scientifique italienne intéressée aux anciennes civilisations méditerranéennes, au sujet des sciences historiques, archéologiques et de l’Antiquité, l’Histoire de l’Art, la Conservation, Restauration et Mise en valeur du Patrimoine culturel.

La structure de « Société Scientifique » nous a semblé la solution la meilleure pour éviter les chicanes de la bureaucratie, même si de ce fait la SAIC peut apparaître comme un organisme de gamme mineure, par rapport à une Société participé ou à une Agence, par exemple : deux formes qui ont besoin de ressources financières importantes et de niveaux décisionnels nombreux et élevés.

L’appellation d’« École », en revanche, nous a parue préférable à d’autres formules, pour attirer l’attention sur la formation des jeunes ; ainsi que le nom de «Carthage» a été adoptée parce qu’il évoque, de toute évidence, l’intérêt pour les études historiques sur l’Afrique du Nord.

De cette façon, les maîtres mots de la SAIC découlent du sous-titre de sa dénomination : « Documentation, Formation et Recherche », et suivent la filière « recherche ® sauvegarde ® conservation ® mise en valeur du patrimoine culturel », pour la promotion et le développement des connaissances, ainsi que pour la transformation de la recherche en service.

La SAIC est autonome, mais elle fonctionne d’un commun accord avec les autorités concernées, notamment pour la Tunisie : l’Institut National du Patrimoine et l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle ; ensuite avec notre Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, l’Institut Culturel Italien et l’Ambassade d’Italie à Tunis ; ainsi qu’avec beaucoup d’autres Associations académiques et scientifiques, Fondations, Institutions régionales, nationales et internationales, tant pour la coopération que pour l’appui ou le patronage.

Que ce soit pour l’organisation de cours et de conférences, ou pour l’attribution de bourses, la création d’une bibliothèque, l’organisation d’exposition, l’appui aux différentes missions archéologiques, ou encore l’apport pour le transfert de technologies et la mise en valeur du Patrimoine, la philosophie qui nous a guidé depuis le début était de réaliser une structure de liaison et de dissémination. Notre objectif était d’agir dans le domaine de la documentation, la formation, la recherche, dans le domaine archéologique, tout en contribuant au dialogue interculturel et intergénérationnel.

Voilà alors les nombreux symposiums, les présentations de livres, les cycles d’autoformation que nous avons organisés, même en ligne et sous forme d’une SAIC-Academy.

Voilà également notre projet éditorial avec des Cahiers et des Volumes de libre accès, pour la diffusion rapide et gratuite des résultats de la recherche de tous ceux qui partagent nos intérêts et objectifs scientifiques[2].

Une nouvelle Revue[3] a été créée à périodicité annuelle et une nouvelle série de volumes[4] a été mise en place, grâce aux excellentes compétences de direction d’Antonio M. Corda et de Paola Ruggeri[5].

Par choix de méthode, la SAIC n’a pas eu, jusqu’à présent, des propres missions archéologiques dans les territoires qui furent de Carthage. Elle a plutôt fonctionné comme une liaison entre les différentes initiatives italiennes dans le Maghreb, notre représentation diplomatique et les institutions locales.

La SAIC publie les résultats des fouilles et en soutient les responsables ; elle facilite la participation des jeunes par le biais de contributions aux frais ; réunit et diffuse les informations afin de dépasser la fragmentation des recherches et de contribuer à une discussion internationale profitable[6].

La SAIC a également créé une bibliothèque spécialisée, qui est intitulée à Sabatino Moscati et qui a été inaugurée à Tunis par le don de plus de 6.000 publications offertes par les deux filles du savant professeur. L’École poursuit maintenant l’accroissement et la mise en œuvre de cette bibliothèque, tant par des volumes supplémentaires, donnés par les Associés, que par le catalogage et l’utilisation en ligne[7].

L’École contribue à la formation des jeunes et encourage l’organisation de cours intensifs, des stages, des masters et des doctorats, par le biais d’accords signés avec les institutions universitaires en Italie, en Tunisie, ou ailleurs.

Nous avons également ouvert des procédures pour attribuer des bourses à des étudiants, des conservateurs et des chercheurs, pour compléter leurs études et leur formation pratique.

Parallèlement, un Site web et une Page du réseau social Facebook ont été conçus dès le début[8].

Par des parrainages et des contributions, la SAIC a également soutenu la recherche d’équipe, pour tous ceux qui font confiance en sa capacité propulsive.

Pour permettre une meilleure évaluation du travail accompli, à l’initiative d’Attilio Mastino et d’Antonio M. Corda j’ai rassemblé notre histoire récente dans un bouquin que l’on commence à diffuser ces jours-ci[9]. Il s’agit d’une publication de la maison d’édition de l’Université de Cagliari (UNICAPress), distribuée gratuitement en format électronique[10]. Avec un style que j’espère soit clair et abordable pour tous les lecteurs, je raconte ceux neuf ans de la SAIC, mais je parle aussi de la méthode, des questions ouvertes et des perspectives qui permettent d’harmoniser la coopération.

Le livre s’ouvre avec un salut de S.E. l’Ambassadeur d’Italie à Tunis et se termine par nos remerciements communs à tous ceux qui, en Tunisie, en Italie et ailleurs, ont permis de réaliser les intentions avec lesquelles nous avons commencé en 2016. À cette époque-là nous avons envisagé, entre autres, (1) une exposition photographique itinérante sur les initiatives archéologiques que l’Italie mène avec les collègues tunisiens ; (2) une grande base de données numérisée, qui peut s’ajouter au patrimoine libraire, avec documents, photographies, matériel des archives ; ainsi (3) qu’une grande initiative pour la mise en valeur du patrimoine archéologique et le soutien à l’esprit d’entreprise local, aux arts créatifs, à l’artisanat et à l’enduit touristique. Enfin : c’était un engagement ; c’est un legs que je relance dans un dernier souffle pour tous les participants à la SAIC.

Et c’est pourquoi je passe la parole à la professeure Anna Depalmas et à Sergio Ferdinandi, pour achever cette présentation. Barakallahu feek, wassalam ‘alaykum, wa tahia Tounes !

 

[1] Article 9 de notre Statut: « Les membres du Conseil scientifique restent en fonction pendant trois ans; ils peuvent être réélus pour un maximum de trois mandats consécutifs et dans leurs fonctions respectives pour un maximum de trois mandats au total ».

[2] La sphère culturelle, tant de la Revue que des Monographies, est celle des sciences historiques, de sciences de l’antiquité et du patrimoine. Le cadre temporel de référence va de la préhistoire à la période fatimide (XII sec.), alors que du point de vue géographique la zone retenue est celle de l’Afrique du Nord (en particulier la Tunisie et les Pays du Maghreb) qui constitue à la fois un espace géographique physique et un terme culturel de comparaison pour les études portant même sur des aspects communs à d’autres régions et sur les échanges matériels et culturels. Une attention particulière est accordée aux études portant sur les aspects liés à la muséalisation, à la restauration des monuments, aux questions de la mise en valeur des gisements culturels, matériels et immatériels.

[3] CaSteR, « Cartagine. Studi e Ricerche », est une Revue de recherche de libre accès, parrainée par un Conseil scientifique international et évaluée par un Comité de lecture (open acces et peer reviewed). Elle se trouve dans les principaux moteurs d’indexation bibliographique, classée comme Revue scientifique internationale par l’European Reference Index for the Humanities and Social Sciences (ERIH Plus). CaSteR est publiée annuellement à partir de 2016, en deux éditions, en ligne et sur papier.

[4] Parallèlement, la Série « Le monografie della SAIC » (avec les « Dossiers » qui l’accompagnent) est une initiative lancée en 2017, elle aussi en deux éditions, en ligne et sur papier. Nous croyons en effet à l’importance et à la valeur même symbolique de la réalisation d’une série de publications concernant le contexte territorial de l’Afrique du Nord, distribuées en accès libre et dédiées à l’histoire, l’archéologie et l’épigraphique, avec de nouvelles perspectives, telles que l’anthropologie et l’histoire des religions du monde ancien, l’histoire du genre et la valorisation des gisements culturels.

[5] La cible des responsables de la Revue et de la Série (Antonio M. Corda et Paola Ruggeri) est d’encourager la recherche interdisciplinaire, tout en présentant les publications de la SAIC comme des « bols d’échange et de discussion », non seulement parmi les membres de la communauté des spécialistes du secteur, mais aussi entre les différents groupements académiques et la société civile, au-delà de toutes les barrières.

[6] C’est ce que nous avons fait depuis la création de la SAIC, en convoquant immédiatement tous les acteurs sur le terrain à Tunis au printemps 2016, puis en 2017.

[7] La « Bibliothèque Sabatino Moscati », crée par la SAIC, est en Tunisie : elle a été établie sur la colline de Byrsa, d’un accord commun avec l’INP et l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, dans des locaux du Musée National de Carthage qui ont été spécialement réaménagés et meublés.

[8] Tous les deux sont alimentés en continu et suivis par un large public.

[9] Sergio Ribichini, «Punica regna vides». Nove anni di attività della Scuola Archeologica Italiana di Cartagine (SAIC), 2016-2024, Cagliari: UNICApress e SAIC, 2025. XXIV+334 pp.; 43 figg. in testo. https://doi.org/10.13125/unicapress.978-88-3312-176-5.

[10] Pour nous tous, le choix de la distribution intégral en ligne est un gage de démocratie, de diffusion capillaire des idées et de libre accès pour tous à la connaissance.