L’avenir de la protection du site de Carthage 40 ans après la déclaration de l’UNESCO: le rôle de la Société scientifique “École archéologique italienne de Carthage”

Célébration du 40e anniversaire de l’inscription du site archéologique de Carthage sur la Liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO.

Symposium sur la stratégie archéologique et de conservation du site archéologique  de Carthage

Tunis, 26-27 juillet 2019

L’avenir de la protection du site de Carthage 40 ans après la déclaration de l’UNESCO: le rôle de la Société scientifique “École archéologique italienne de Carthage”Communication de Attilio Mastino, Président SAIC (avec la contribution de Piero Bartoloni, Président honoraire SAIC )

 

 

Chers amis,

nous sommes venus ici à Tunis surtout pour dire l’intérêt et la disponibilité de notre SAIC, l’« École Archéologique Italienne de Carthage », de parteciper aux initiatives pour definir et elargir la stratégie archéologique et de conservation du site de Carthage et de consolider sa présence dans la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Le 16 décembre 1983, dans l’ouverture du Ier Congrès de “L’Africa Romana” et dans mon article sur La recherche épigraphique en Tunisie (1973-1983), j’ai déjà réfléchi sur les résultats extraordinaires de l’insertion du site archéologique de Carthage dans la Liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO, à partir du 1979, et sur la présence de nombreuses équipes de recherche de niveau international sur le site de l’antique Carthage dans une saison inoubliable : « Per quanto riguarda Cartagine, è noto che operano contemporaneamente vari gruppi di ricerca archeologica (tunisini, francesi, italiani, tedeschi, inglesi, danesi, svedesi, canadesi, americani), nel quadro del programma UNESCO, con risultati di grande interesse ».Le fort engagement des Universités, du Gouvernement, de l’Institut National d’Archéologie et d’Art pour obtenir la prestigieuse reconnaissance, aussi bien que l’action de coordination, de promotion et de mise en valeur de l’identité de Carthage antique par l’UNESCO ont représenté pour la ville et pour la Tunisie entière le moteur du développement, l’élément décisif d’un relecture de l’héritage à la lumière d’une approche qui devait absolument surmonter et vaincre la phase coloniale, la reconnaissance de la valeur des cultures des périodes classiques mais surtout la valeur historique des futuhat, l’ouverture à l’Islam. En cette occasion, j’avais rappelé l’activité de Azedine Beschaouch, directeur de l’INAA, l’Institut National d’Archéologie et d’Art de Tunisie de 1973 à 1982, et de Abdelmajid Ennabli, qui a coordonné les différentes équipes internationales et a toujours rendu compte des activités des premières campagnes de fouilles à Carthage conduites dans le cadre du programme UNESCO, dans la revue CEDAC Carthage, Bulletin du Centre d’études et de documentation archéologique de la Conservation de Carthage, Tunisie, IV, 1981, p. 3 ss. (avec bibliographie 1975-81 aux p. 56-60). L’INAA a assumé la charge de coordination du travail des différentes missions. A cette occasion, Ammar Majhoubi, Hedi Slim, Latifa Slim, Naidé Ferchiou et Marcel Le Glay sont venus avec nous en Sardaigne. La déclaration de l’UNESCO a eu le mérite de modifier la perception de l’histoire de Carthage en tant que grande capitale de la Méditerranée, directement liée au Liban et à la ville de Tyr à l’Est, et à l’océan atlantique à l’Ouest, jusqu’à Gades et Tanger : capitale, tant à l’époque phénicienne et dans la phase punique, mais aussi pendant la longue période romaine qui a suivi sa fondation par Gaius Gracchus, César et Auguste, avec un territoire qui s’étendait sur plusieurs kilomètres au-delà de celui qui avait été la frontière avec l’ancien royaume numide. Et encore une capitale vandale et une capitale byzantine ; enfin l’arrivée de la dynastie des Omeyyades et le retour à être une grande capitale internationale à nos jours.

La déclaration solennelle de l’ UNESCO de 1979 venait après l’article de Giacomo Caputo qui présentait l’activité des archéologues italiens à Carthage, en particulier celles conduites par le CNR, il Conseil National de la Recherche italien, et essentiellement par le Centro di Studio per la Civiltà Fenicia e Punica : voir G. Caputo, Tunisia, Cartagine e appello UNESCO. Un decennio di ricerche archeologiche : « Quaderni della ricerca scientifica »», CNR, C/I, 1978, p. 210-217.

Il est donc nécessaire de rappeler ici les trois savants italiens qui sont en partie à l’origine de la déclaration de l’UNESCO, pour les activités conduites dans la décennie précédente : Antonino Di Vita, Andrea Carandini, Sabatino MoscatiAntonino Di Vita (Chiaramonte Gulfi19 octobre 1926 – Roma22 octobre 2011) qui, avant d’être directeur de l’Ecole Archéologique Italienne d’ Athènes, pour la première fois était à Carthage, sur la Byrsa, à la fin de l’été 1964 avec Mohamed Hassine Fantar et Azedine Beschaouch, imaginant des ruines encore cachées, de la colline en direction de Dermech et, plus loin, vers Salammbô. En 1982, Di Vita écrivit : Juste Beschaouch alors projetait le future, « lors d’une visite à Rome en juin 1972 pour rassembler des éléments concrets du programme afin de mettre en valeur et de sauvegarder les vestiges de l’ancienne métropole qu’il avait esquissée à la suite de l’appel lancé par Carthage le 14 mai, par le ministre tunisien des Affaires culturelles et de l’Information, M. Chedki Klebi, et le Directeur Général de l’UNESCO, M. René Mahen. Il n’avait pas besoin de beaucoup de mots pour me convaincre de faire venir à Carthage une présence archéologique italienne, et je dois dire que le soutien de l’ambassadeur d’Italie à Tunis, le regretté Silvano Saraceno, de Mario Mondello, directeur général des relations et des manifestations culturelles du Ministère des Affaires étrangères et de Giacomo Caputo, président du groupe de recherche pour l’Afrique du Nord financé par le CNR, a été immédiat et efficace.L’Italie a été donc l’une des nations les plus pressantes pour répondre à l’invitation du gouvernement tunisien et de l’UNESCO, en donnant officiellement (c’était le 7 juillet 1973) le début de cette expérience, unique d’un point de vue scientifique et humain (et qui il est souhaitable de ne pas rester irremplaçable), qui a travaillé aux côtés de nombreuses équipes de spécialistes, différentes pour la formation technique et culturelle, mais unies dans leur volonté d’atteindre la connaissance et de sauver les vestiges de l’ancienne métropole.En réalité, les échanges d’expériences entre les missions de Carthage se sont traduits dans une croissance culturelle précieuse pour chacun de leurs membres, ainsi que pour les collègues tunisiens également actifs sur le terrain, et dans une expérience positive – dont la valeur apparaît de plus en plus évident au fil des années – pour l’archéologie du monde classique dans son ensemble. (…) Non seulement la Carthage byzantine et de la fin de l’époque romaine des couches supérieures, mais également la Carthage des premiers siècles de l’Empire et de l’Hellénisme : il existe aujourd’hui des notes dans une vision diachronique articulée, d’une richesse inimaginable il y a seulement quelques ans, et cela est dû, justement, à la coopération internationale massive et bien coordonnée mentionnée ici.Dans cet appel au généreux tribut, je dirais presque de “réparation” de l’Occident contre l’ancienne malheureuse ennemie Phénicienne, l’Italie a tenté d’être présente (…). Par conséquent, lors de la rédaction du programme de travail ayant fait l’objet de l’accord signé avec le Directeur de l’Institut national tunisien d’Archéologie et d’Art, le prof. Azedine Beschausch, le 7 juillet 1973, a envisagé d’apporter une contribution scientifiquement pertinente – même si elle était moins visible et moins gratifiante que l’excavation systématique d’un grand bâtiment ou d’une zone urbaine monumentale – en concentrant nos efforts dans une recherche topographique visant à clarifier le problème constitué par le coin nord-ouest du système de la ville Augustéenne, le soi-disant Triangle de Saumagne.Les relations entre la centuriation rurale et l’organisation urbaine, entre l’urbanisme et la construction même, entre les nécropoles et les villes dans ses différentes phases, se situent dans l’un des coins les moins connus et certainement parmi les moins attrayants de l’usine planifiée d’Auguste. Principal domaine d’investigation : les résultats obtenus dans les cinq campagnes au cours desquelles nous avons dû inclure les recherches dont nous sommes saisis – y compris l’enquête menée sur le terrain par les chercheurs du Centre de recherche du CNR pour l’insertion de la zone explorée dans la grille régulière de Colonia Iulia Concordia Carthago – sont présentés ici pour la première fois dans un rapport préliminaire. Nous sommes en retard, bien sûr, en ce qui concerne le désir de chacun de nous et les attentes des collègues intéressés par Carthage, mais il faut dire, à notre justification partielle, que, n’ayant pas eu les moyens de structurer même un petit noyau de travail permanent, les composantes de notre mission, après chaque campagne, sont toujours revenues dans les universités d’origine – Rome, Sienne, Macerata – et leur participation aux cinq campagnes de Carthage a constitué un engagement supplémentaire volontaire, mais non moins contraignant. Ceci est également vrai, et plus encore, pour Andrea Carandini, qui souhaitait en 1973 être le directeur de notre mission sur le terrain et auquel il convient d’ajouter le mérite scientifique d’avoir aussi pu rassembler autour de lui un groupe organisé de jeunes spécialistes de valeur.Malgré ces difficultés et bien qu’il ne soit pas facile en Italie de trouver les moyens d’une vaste publication scientifique, nous arriverons bientôt à l’édition définitive de ces fouilles. Cela constituera pour les auteurs des pages qui suivent un nouvel engagement scientifique lourd, et pour ceux qui en écrivent un fardeau “administratif” non moins lourd ; mais nous assumerons volontiers notre dernier devoir dans la conviction profonde que, de la même manière, il va honorer le pays, et que les vestiges de Carthage – sacrés pour les civilisations de l’ensemble du monde méditerranéen – se sont ainsi révélés être un gardien prévoyant et une justice pour l’ancienne métropole qui, après avoir imprimé son sceau de grande puissance pendant sept siècles dans l’histoire, a dû être conquise pendant sept siècles supplémentaires – mais cette fois par un destin singulier, en tant que participant et agent de la civilisation romaine – une place dans l’Empire ne dépassant que celle de Rome ». Andrea Carandini (1937-…) Déjà en 1973, Di Vita et Azedine Beschaouch voulaient Carandini comme directeur de la mission à Carthage. Dix ans plus tard, Carandini faisait un bilan sur le volume des fouilles conclues en 1977 dans le cadre du projet qui devait amener à la déclaration UNESCO. En 1985, il entreprit le projet de fouilles stratigraphiques à Carthage par l’UNESCO dans une zone de la ville antique aussi bien que l’analyse du tissu urbain et l’analyse des relations de la ville avec le territoire. Parmi les participants figuraient Lucilla Anselmino, Clementina Panella, Carlo Pavolini et Renato Ciciagli.Grâce à la libéralité de Maria Antonietta Rizzo Di Vita j’ai aujourd’hui la disponibilité des reliefs originaux des travaux accomplis à Carthage, dans A. Di Vita, Presentazione a : A. Carandini, L. Anselmino, C. Panella, C. Pavolini, R. Ciciagli, Gli scavi italiani a Cartagine. Rapporto preliminare delle campagne 1973-77, «Quaderni di Archeologia della Libia», XIII, 1983, p. 7-61.

 

Sabatino Moscati (Roma, 24 novembre 1922 – Roma8 septembre 1997) Fondateur en 1969 du Centro di Studio per la Civiltà Fenicia e Punica du CNR, pour les recherches entre Carthage et le Cap Bon (I Fenici e Cartagine, UTET, Torino 1972). Il a travaillé en Tunisie à partir du 1966 avec Ferruccio Barreca, Antonia Ciasca, l’arch. Alberto Davico, Piero Bartoloni, Enrico Acquaro et beaucoup d’autres.

Sabatino Moscati n’était pas seulement un grand philologue, un érudit des langues sémitiques comparées, mais aussi un grand connaisseur des hommes, qui a su comprendre les talents des savants qu’il a rencontrés et qui a décidés d’encourager. En ce qui concerne les entreprises institutionnelles en Tunisie, il a commencé en 1964 à prendre contact avec les plus éminents chercheurs de la région, parmi lesquels Hechmi Sebaï, et à s’intéresser à quelques jeunes chercheurs, comme Mohamed Hassine Fantar, qui à l’époque préparait une thèse à l’Université d’Aix en Provence. L’intérêt de Sabatino Moscati était d’élargir l’horizon des études phéniciennes menées au sein de l’Istituto di Studi del Vicino Oriente de l’Università di Roma, qu’il dirigeait, principalement vers la Sardaigne et la Sicile.

En fait, à cette époque, en 1963 pour Monte Sirai et en 1965 pour Mozia, les missions archéologiques dans les deux îles principales avaient commencé. La coutume était de mener à bien le travail avec les institutions scientifiques et la protection locale, de sorte que pour Sabatino Moscati , a toujours été essentielle la collaboration avec la Soprintendenza archeologica Cagliari et celle de Palerme, alors dirigées par Ferruccio Barreca d’une art et de Vincenzo Tusa de l’autre. Puis, à partir de 1966, commence la prospection archéologique dans le Cap Bon, menée avec une équipe de chercheurs de l’Università di Roma et de l’Institut National d’Archéologie et d’Art de Tunis ; l’étude dure quelques années et est rendue publique avec deux volumes de la série Collezione di Studi Fenici publiés respectivement en 1973 et 1983. En ce qui concerne l’activité archéologique en Tunisie, elle développe depuis 1971 des projets de recherche au Cap Zebib.

De plus, Sabatino Moscati a promu de nombreuses recherches visant à la publication de collections et de matériels conservés dans les musées de Tunisie. L’étude des rasoirs puniques par Enrico Acquaro et l’étude des stèles archaïques du tophet de Carthage par Piero Bartoloni méritent d’être mentionnées. Enfin, inclus dans le Corpus delle Antichità Fenicie e Puniche de l’Unione Accadémica Nazionale, le travail de Zohra Cherif, Terres cuites de Tunisie, publié à Rome en 1996. Finalement, il convient de mentionner l’entreprise archéologique à Zama Regia, conçue et promue par Sabatino Moscati en 1997 et réalisée entre 1999 et 2012. La recherche proposée par les autorités tunisiennes et menée par l’Istituto per la Civiltà Fenicia e Punica du CNR, a été dirigée conjointement, du coté tunisien par Ahmed Ferjaoui, et, du coté italien, par le Directeur de l’Istituto CNR, Piero Bartoloni.

Les relations amicales et scientifiques de Sabatino Moscati avec le monde de la culture tunisiens ont toujours été marquées par une grande estime et un respect mutuel des prérogatives nationales, comme ce fut le cas pour toutes les entreprises internationales promues au cours des décennies entre 1961 et 1997. La preuve en est, entre autres, le fait que la direction scientifique (dans toutes les entreprises menées en Tunisie) a été la prérogative des chercheurs de l’Institut du Patrimoine la partageant avec les universitaires italiens.

 

Aujourd’hui

Ça fait 40 ans de la Déclaration UNESCO et 20 ans se sont écoulés depuis la Rencontre internationale sur Carthage qui a été organisée les 16, 17 et 18 novembre 2000 : vous savez que nous avons travaillé dans le territoire de Carthage, à Uchi Maius, maintenant à Thignica, et encore dans les thermes d’Antonin à Carthage, tout récemment pour le Congrès de Bertinoro 2017, organisé par la regretté Angela Donati. Mais je veux rappeler notamment certains congrès de L’Africa Romana : Carthage-Amilcar XI, 1994 ; Djerba XIII, 1998 ; Tozeur, XV, 2002 ; Tunis, XXI, 2017. Maintenant, depuis la création en 2016 de la SAIC, ou Ecole Archéologique Italienne de Carthage, on a réalisée la « Bibliothèque Sabatino Moscati» en Tunisie : elle a été initialement établie, avec ses 6000 volumes, dans les locaux de l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, Rue Chott Meriam – Tunis Montplaisir, mais elle va être hébergée au rez-de-chaussée du Musée National de Carthage, Place de l’UNESCO – Colline de Byrsa (Carthage). Son transfert ainsi que le classement des livres seront à la charge de la SAIC.

Donc, cette « Bibliothèque Moscati », à Carthage, peut être un “Phare” pour tous nos projets communs : un laboratoire de recherche, de formation et de valorisation.

 PropositionsEn cette occasion de réflexion, je pense qu’il est utile de faire des propositions basées sur cette longue expérience. Nous pouvons insister ici : –   sur la méthode : avec « L’Africa Romana » et l’École Archéologique Italienne, l’Italie peut disposer de beaucoup d’espace pour promouvoir l’activité des institutions italiennes à Carthage. –   sur la réciprocité qui distingue notre approche (je veux penser aux activités de Mustapha Khanoussi, de Mohamed Hassin Fantar et d’Azedine Beschaouch en Sardaigne).-   Je crois qu’il faut mettre aussi tout en œuvre pour que la SAIC organise au moins une fois par an une réunion, ou une série de réunions, faisant le bilan des acquis scientifiques et proposant une stratégie pour le futur. –   Enfin, comme on a observé dans ces jours-ci à l’Ambassade d’Italie avec Mme Angela Zanca, l’accord culturel italo-tunisien arrive à expiration : nous demandons (ainsi que notre MAECI) d’être consultés et de pouvoir apporter notre contribution en tant que SAIC, en tant que Institut National du Patrimoine et en tant qu’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, pour rédiger les termes du nouvel accord d’entente commune. D’ailleurs, l’accord actuellement en vigueur avait prévu la création d’un centre de formation et de documentation, ce que M. Ianulardo du MAECI venait d’évoquer et ce que nous avons en fait mis en place, en même temps que la création de la SAIC. 

Autour des recherches à Carthage

L’objectif de cette réunion, plus précisément, est de proposer une stratégie générale d’archéologie, de conservation, de recherches à Carthage. L’objectif avouée donc est de réfléchir sur les possibilités que le sol archéologique de Carthage cache encore et de fixer les priorités en matière de recherche scientifique.

Il est évident que la richesse du patrimoine de Carthage réside avant tout dans la conception urbanistique, le dessin urbain de la ville punique et de la colonie romaine avec cardines et decumani, avec une cadastration régulière, une cadastration qui est vraiment surprenante. Pour les ports puniques, M. Giovanni Macciocco, ancien Doyen de la Faculté d’Architecture de l’Université de Sassari, disait qu’ils représentent l’idée de l’urbanisme soumis à la stratégie militaire, car la ville de Carthage, enserrée dans ses fortifications, était une véritable machine de guerre, comme un bateau ancré au continent africain.

On a plusieurs Projets qui comportent aussi l’utilisation de nouvelles stratégies :

  • Lac de Tunis et Île de Santiago de Chikly, dans le lac, avec la forteresse espagnole et turque : projet du Departement d’Architecture et d’Urbanisme, Université de Sassari;
  • Îlot du port circulaire ou Île de l’amirauté dans le port militaire de Carthage : prof. Francesco Tommasello, de Catania (marques de carrière avec lettres puniques). On a pris connaissance aujourd’hui des travaux de M. Ahmed Gadhoum sur le thème de l’archéologie maritime.
  • Carthage, Thermes : voir Samir Aounallah, Attilio Mastino, Salvatore Ganga, [E]x permissu [et indulgentia] optimi maximique principis: Cartagine tra il 159 e il 162 (con appendice nel 389): grandi lavori alle terme a mare di Antonino Pio, Marco Aurelio, Lucio Vero, in L’iscrizione nascosta, Atti del Convegno Borghesi 2017, a cura di Antonio Sartori (Epigrafia e antichità, 42), Fratelli Lega : Faenza 2019, ISBN 978-88-7594-141-3, p. 203-230.
  • Thignica : les inscriptions (voir Epigraphica LXXX: Antonio Corda, Antonio Ibba, Paola Ruggeri ; Epigraphica LXXXI, Antonio Corda, Claudio Farre), relevé général, monuments (Voir Attilio Mastino, Neptunus Africanus: a Note, dans CaSteR III); Alessandro Teatini, Un cantiere di spoliazione a Thignica in età bizantina: indizi epigrafici e tracce archeologiche, dans CaSteR
  • Uchi Maius : publication de la forteresse islamique par le prof. Marco Milanese.
  • Numluli : fouilles dans le forum.
  • D’autres projets de la SAIC et deses membres sont dehors de la ville de Carthage, mais toujours en Tunisie (Nabeul, Oudna, Zama, Althiburos, ecc.).

Dans notre revue CaSteR on a traité plusieurs aspects de la ville de Carthage. Voir par exemple :

  • Da Elissa ad Annibale, tra Tiro e Cartagine: sei secoli di connessioni mediterranee tra Oriente e Occidente (Michele Guirguis, CaSteR I).
  • Gli avori di Cartagine (Piero Bartoloni, CaSteR IV).
  • Viaggiando nel tempo 1: il tofet di Cartagine (Piero Bartoloni, “Caster” II).
  • L’edificio a pianta ottagonale del porto di Cartagine e la segnalazione marittima in epoca romana (Lavinia Del Basso, CaSteR II).
  • Carthage : la ‘Fontaine aux mille amphores’ (Jean-Pierre Laporte, CaSteR III).
  • Acqua per Cartagine: la fornitura idrica in epoca punica e romana (Lavinia Del Basso, CaSteR IV).

Voir aussi :

  • Attilio Mastino, Il viaggio di Enea fino a Cartagine. La ricerca archeologica nel Mediterraneo, “Forma Urbis”, Il viaggio di Enea. Mito, storia, arte, archeologia, XXIII,1, 25 gennaio 2018 (publié en février), p. 28-39.
  • Attilio Mastino, L’attività della Scuola Archeologica Italiana di Cartagine (SAIC) nel 2017, dans Archeologia e tutela del patrimonio di Cartagine: lo stato dell’arte e le prospettive della collaborazione tuniso-italiana, Atti del seminario di studi raccolti da P. Ruggeri (Le Monografie della SAIC, 1), SAIC Editore 2017, p. 9-19.
  • Attilio Mastino, L’attività della Scuola archeologica italiana di Cartagine 2016-2017, CaSteR 2 (2017), doi: 10.13125/caster/3092, http://ojs.unica.it/index.php/caster/.
  • Carthage, maîtresse de la Méditerranée, capitale de l’Afrique (Histoire & Monuments, 1), (IXe siècle avant J.-C. — XIIIe siècle). AMVPPC, SAIC Sassari, Tunis 2018, Aounallah, A. Mastino (cur.), p. 1-500.

 

L’Ecole Archéologique Italienne de Carthage

La SAIC, « Scuola Archeologica Italiana di Cartagine. Documentazione, formazione e ricerca », est une Société Scientifique sans but lucratif, qui vise à promouvoir la coordination entre les initiatives de la coopération culturelle italienne dans la région méditerranéenne. De cette façon, elle souhaite appuyer les possibilités de recherche, formation et diffusion des connaissances et mettre en valeur les apports de chaque initiative individuelle, tout en contribuant activement au dialogue interculturel et aux politiques de développement de la Tunisie et plus généralement des Pays du Maghreb.

Fondée en février 2016, la SAIC se propose comme la voix de la communauté scientifique italienne intéressée aux civilisations de la Méditerranée ancienne, au sujet des sciences historiques, archéologiques et de l’Antiquité, l’histoire de l’art, la conservation, la restauration et la mise en valeur du patrimoine culturel.

La SAIC est en pleine croissance, en raison du nombre toujours croissant de tous ceux qui demandent d’y adhérer, à la fois des chercheurs spécialistes, des institutions, des départements universitaires et des centres de recherche, tant en Italie qu’en Tunisie, en France, en Espagne et ailleurs encore.

Le Statut de la SAIC prévoit un nombre limité de « Membres Ordinaires » (ceux qui sont promoteurs de projets de recherche dans les pays de l’Afrique du Nord et les représentants des institutions signataires d’accords de coopération transfrontalière), de nombreux « Membres Honoraires » (ceux qui sont ou qui ont été engagés dans la recherche, la formation, la documentation et la préservation du patrimoine culturel, ainsi que les étudiants de disciplines liées aux domaines scientifiques connexes) et des « Membres Bienfaiteurs » (personnes physiques ou morales qui soutiennent les activités de la SAIC par des donations ou par d’autres formes d’aide). Il y a enfin la catégorie des « Membres Correspondants » formée par des collègues étrangers ou vivant à l’étranger. La participation à la vie de la Société est définie par un Règlement intérieur élaboré par le « Conseil Scientifique » et adopté par l’« Assemblée » des Associés.

La SAIC est autonome, mais elle fonctionne d’un commun accord avec les autorités locales concernées (pour la Tunisie : l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle et l’Institut National du Patrimoine), avec le Ministère des Affaires Etrangères et la Coopération Internationale italien, l’Istituto Italiano di Cultura et l’Ambassade d’Italie à Tunis, d’une part, et avec beaucoup d’autres associations académiques et scientifiques, Fondations, Universités, Institutions régionales, nationales et internationales de l’autre, tant pour la coopération que pour l’appui ou le patronage.

La SAIC soutient ses initiatives grâce à la contribution de plusieurs bienfaiteurs, notamment la Fondazione di Sardegna, et aux cotisations de ses adhérents.

Où sommes nous ?

L’École Archéologique Italienne de Carthage a plusieurs sièges, en Italie et en Tunisie. Le siège principal et statutaire se trouve auprès de l’Université de Sassari, Dipartimento di storia, scienze dell’uomo e della formazione, Viale Umberto, 52 (07100 – Sassari). Le centre opérationnel en Tunisie est basé à l’Istituto Italiano di Cultura, 80, avenue Mohamed V (1002 – Tunis) et chez l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, Rue Chott Meriam – Monplaisir.

L’administration du site et la rédaction de la Revue de la SAIC sont installées à l’Université de Cagliari, Dipartimento di storia, beni culturali e territorio, section Cittadella dei Musei, Piazza Arsenale, 1 (09124 – Cagliari).

 

Ce que nous faisons

L’objectif général de l’École Archéologique Italienne de Carthage est d’agir dans le domaine de la documentation, la formation, la recherche, la conservation et la mise en valeur du patrimoine archéologique.

Pour ce faire, le « Président » de la SAIC conclut des accords de coopération scientifique avec les institutions chargées de l’enrichissement, de la sauvegarde et de la valorisation du patrimoine culturel. L’École contribue à la formation des jeunes et encourage l’organisation de cours intensifs, des stages, des masters et des doctorats, par le biais d’accords signés avec les universités italiennes et étrangères.

Elle organise aussi des symposiums, des conférences et des séminaires sur la protection du patrimoine et la coopération culturelle.

La SAIC a également créé une bibliothèque spécialisée dans les domaines de l’archéologie, des sciences de l’Antiquité, de l’histoire de l’art et des technologies appliquées au patrimoine culturel. Cette bibliothèque Sabatino Moscati, inaugurée à Tunis le 6 Octobre 2017, est constituée par le don généreux de plus de 6.000 livres appartenant à l’illustre maître italien, qui ont été offerts par ses héritiers, ses deux filles Laura et Paola Moscati. L’École contribue maintenant à l’accroissement et à la mise en œuvre de la bibliothèque, par des volumes supplémentaires donnés par les Associés, son catalogage et son utilisation en ligne.

La SAIC a également démarré un projet éditorial pour la diffusion rapide des résultats de la recherche de ses Associés et de ceux qui en partagent intérêts et objectifs scientifiques. En effet, une nouvelle Revue (CaSteR) a été créée à périodicité annuelle et une nouvelle série de volumes (« Le monografie della SAIC ») a été mise en place. Parallèlement, un Site web et une Page du réseau social Facebook ont ​​été conçus pour tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique du Nord et à la Méditerranée antique.

 

Nos publications

Nos publications seront presentées par M. Antonio Corda, la revue CaSteR, « Cartagine. Studi e Ricerche », arrivée au IVéme numéro et les Monographies coordonnées par Paola Ruggeri.

 

Les projets

Le projet Urbs antiqua sera presenté par Sergio Ribichini.

 

Comment adhérer

La demande d’adhésion à la SAIC peut être compilée à l’aide d’un formulaire disponible sur le site web de l’École; elle doit être accompagnée d’un curriculum vitae attestant d’un intérêt pour les objectifs de notre Société scientifique.

La candidature et le curriculum doivent être envoyés par courrier électronique au Président de la SAIC, prof. Attilio Mastino (mastino@uniss.it) et au Secrétariat de la l’École (segretario@scuolacartagine.it).

La cotisation est de 50 euros par an (100 DT pour les Membres Correspondants résidant dans les pays du Maghreb). Toutes les institutions sont exemptées du paiement de la cotisation.

 

Comment nous rejoindre

Pour plus d’informations sur la SAIC, visitez le Site : https://www.scuolacartagine.it.

Pour plus de détails sur la Revue CaSteR, pour la soumission d’un article, ou si vous voulez vous proposer en tant que Réviseur, visitez le Site : http://ojs.unica.it/index.php/caster.

Pour recevoir de l’aide à l’avance, ou suivre votre article accepté, écrivez à l’adresse électronique : redazione.caster@gmail.com.

Pour soumettre le projet d’une monographie scientifique, envoyez la correspondance à : ruggeri@uniss.it. Suivez-nous sur la page Facebook : @scuolaCartagine.

 

Les bourses

Les Universités de Cagliari et de Sassari travaillent avec l’Université de Tunis pour les jeunes qui doivent terminer leurs études en Sardaigne. Jusqu’à ce moment presque 200 Magrébins ont étudié en Sardaigne, aussi dans le domaine de l’archéologie.

Le Comité Scientifique de l’Ecole Italienne vient juste d’attribuer des bourses, dans le cadre du projet sur “La Biblioteca Sabatino Moscati a Tunisi e le pubblicazioni della SAIC: formazione, documentazione e promozione archeologica e culturale in Tunisia”.

Pour la direction de l’Ecole, on a assigné une bourse à :

  • Alberto GAVINI, six mois de bourse (juillet-décembre 2019), sur le projet « La diffusione delle attività culturali della SAIC: formazione, documentazione e promozione archeologica e culturale in Tunisia » ;

Pour « La cooperazione archeologica italo-tunisina: formazione, documentazione e promozione archeologica e culturale in Tunisia » deux bourses ont été assignées à :

  • Mosbah MABROUKI de Gafsa, « Fouilles préhistoriques de Doukanet el Khoutifa », Siliana-Tunisie. Le candidat a travaillé avec l’Università Sapienza de Rome. Responsables ; Giulio Lucarini (UNIOR e ISMEO), Alfredo Coppa (Sapienza Roma), et Nabiha Aouadi (INP) ;
  • Amir GHARBI de Bizerte (master à La Manouba) sur « Les monuments préhistoriques de la Tunisie méridionale (Wadi Lazalim) ». Le candidat a travaillé sur les fouilles de Djebba sul Djebel Ghorrah (Tibaris) près d’Uchi Maius. Responsables : Savino Di Lernia (Sapienza Roma) et Nabiha Aouadi (INP).

On examine enfin, dans cette semaine, la possibilité d’assigner autres trois bourses avec la réouverture de l’Appel à candidature et délai au 14 août comme date limite pour la soumission des candidatures, du moment que 5 nouvelles candidatures sont déjà parvenues :-   Ines BALLOUCHI, étudiante en archéologie, qui travaille sur la céramique romaine tardive dans le tophet de Carthage, dans le cadre du projet de master. Membre de l’équipe tuniso-italienne dirigée par M. Hamden Ben Romdhane et Giovanni Distefano dans l’aire comprise entre la Maalga et l’amphithéâtre de Carthage.-   Fatma TOUJ: doctorante inscrite en quatrième année en histoire à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis et en cotutelle avec l’Università degli Studi di Napoli l’Orientale. L’intitulée de sa thèse « Rites et pratiques funéraires en Tunisie : étude archéo-anthropologique des nécropoles puniques d’El Mansourah, EL Hkayma et Cap Zebib ».-   Khaled DHIFI de Regueb, Master en histoire du monde méditerranéen et sa civilisation, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, Patrimoine et muséologie (fouilles à Mahdia, Hergla, Zama, Enfida).-   Nesrine NASR, Docteure en histoire ancienne et chercheure à l’INP Tunis, « Les manifestations de l’hellénisme au site antique de Thuburbo Maius ». –   MEHDI ARFA, Master de recherche en Archéologie et technologie moderne, Fouilles de Althiburos.  

 

Conclusions

Finalement, je voudrais rappeler les difficultés qui caractérisent aujourd’hui encore les rapports entre les deux rivages de la Méditerranée et notamment les mouvements des nombreux immigrants africains qui se déplacent toujours, souvent clandestinement sur des bateaux dangereux et instables, depuis la rive sud de la Méditerranée vers une Europe pétillante et désirée, mais qui reste aussi souvent insensible et incapable d’accueillir l’Autre.Depuis le 11 septembre 2001, après les « Printemps arabes » difficiles, le thème est celui de la réconciliation nécessaire entre identités différentes, également à la lumière de véritables conflits de civilisation stimulés par le terrorisme mais aussi par de forts courants d’intolérance, alimentés de manière instrumentale en Europe. Nous avons devant nous maintenant une nouvelle phase de l’histoire de la Méditerranée, celle de l’hybridation et du biculturalisme. La récupération correcte de la mémoire du passé est alors le véritable problème auquel nous sommes confrontés, une base très solide sur laquelle bâtir un avenir fondé sur le respect mutuel.Les préoccupations de l’UNESCO pour les menaces à l’identité historique de Carthage sont les nôtres. L’UNESCO demande une stricte stratégie archéologique et de conservation, mais aussi de formation et de recherche. Nous savons que la municipalité de Carthage, le Ministère de la Culture, l’INP, l’AMVPPC seront en première ligne pour se battre pour la ville historique, pour la grande métropole punique et romaine. Mais il faut penser à une nouvelle stratégie internationale, qui doit unifier les langages, les méthodes, les objectifs, pour « Sauver Carthage » ou « Valoriser Carthage ». La SAIC s’engage à offrir tout son aide pour protéger cette extraordinaire richesse, fragile et non renouvelable.